DÉCLARATION LIMINAIRE DU SNALC POUR LA CAPA DES REFUS DE TITULARISATION AGREGES

DÉCLARATION LIMINAIRE DU SNALC POUR LA CAPA DES REFUS DE TITULARISATION AGREGES DU O4/O2/2022

M. le Recteur,

Messieurs et Mesdames les Directeurs d’Académie et Directeurs Adjoints,

Mme le Secrétaire Générale,

Monsieur le Directeur des Ressources Humaines,

Monsieur le Directeur des Personnels Enseignants,

Mesdames et messieurs les Inspectrices et Inspecteurs,

            Le SNALC vous présente tout d’abord ses meilleurs vœux dans l’optique d’un dialogue syndical renforcé, malgré la loi de modernisation de la Fonction publique qui a fortement réduit nos instances, afin de veiller au bien-être d’un corps professoral malmené par la COVID, les directives en tout genre et les réformes pédagogiques de grande ampleur très lourdes à mettre en place.

            Nous allons, dans cette CAPA, discuter de quelques cas de refus de titularisation pour des collègues ayant réussi l’épreuve écrite et actuellement en année de stage.

            Au-delà de ces quelques cas individuels, le SNALC souhaite alerter sur le MANQUE D’ATTRACTIVITE désormais criant et reconnu des carrières de l’enseignement secondaire par dégradation progressive du pouvoir d’achat des professeurs au fil de ces vingt dernières années. Le gel du point d’indice a conduit à une érosion de 20 à 30% de nos salaires comparés au niveau de la vie, sans parler du déclassement induit par l’explosion du coût de l’immobilier de 300 à 500% dans certaines villes, dont Paris.

            Il est urgent, selon le SNALC, de rattraper cette érosion par des versements compensatoires et de dégeler le point d’indice en l’indexant sur l’inflation réelle de 3 à 4% qui repart à la hausse. Faute de quoi cette CAPA n’aura plus lieu de se tenir, il n’y aura simplement plus de candidats !

            Observons d’ores et déjà le nombre astronomique de démissions lors de la première année d’enseignement, les jeunes professeurs découvrant avec effroi la dureté du métier par une accumulation de facteurs qu’il convient de considérer en urgence : l’hétérogénéité extrême de la plupart des classes qui impose un enseignement à deux, trois, cinq niveaux, multipliant les préparations et adaptations de devoirs ; les nouvelles politiques d’inclusion très louables en soi mais sans les moyens AESH adéquats et avec un vrai statut et une carrière pour ces personnels ; un manque de formation des professeurs à ces nouvelles missions ; un accroissement permanent des tâches, des réunions, des logiciels et de l’informatique souvent défaillants, un manque de rigueur et de réalisme dans le passage des élèves en classe supérieure sans qu’ils aient le niveau requis, des problèmes lourds de laïcité dans certains établissements ou « quartiers », etc. Il conviendrait de faire un audit du malaise du corps enseignant, de plus en plus au bout du rouleau.

            Un constat m’est particulièrement douloureux en tant que professeur de lettres : la perte de la capacité linguistique en français qui conduit, jusqu’en classe de 2de et même parfois en 1ère, à des copies illisibles, a-syntaxiques, dénuées d’accords mais même de l’orthographe des mots les plus simples. Tous les collègues viennent me voir pour s’en plaindre. A tel point que nous proposons au SNALC un horaire fléché de 2h par semaine de « Français discipline linguistique » de la 6e à la 1ère, EN PLUS de l’horaire habituel consacré aux grands textes, aux débats d’idées, aux courants littéraires, à la lecture ou analyse d’œuvres d’art de tous les siècles et de toute sorte. Il faut décréter un PLAN D’URGENCE NATIONAL DANS LA MAÎTRISE DE LA LANGUE FRANCAISE.

            Cette urgence nous paraît comparable à l’effondrement actuel du niveau en mathématiques, accentué par le nouveau bac qui fait disparaître cette discipline essentielle pour beaucoup d’élèves et introduit une complexité, un morcellement des groupes classes et une quasi impossibilité de faire des emplois du temps, ce qui pèse également sur le moral et la fatigue des collègues ainsi que de l’administration. Il nous semble que plusieurs candidats à la présidentielle font de la simplification administrative leur cheval de bataille ; force est de constater que ce nouveau bac « à la carte » n’en prend pas le chemin. Sous couvert de liberté de choix, on éloigne des carrières les plus prestigieuses et les plus rémunératrices bon nombre d’élèves qui choisiront des « triplettes » sans débouché concret dans la vie réelle, du moins pas acceptées dans les grandes écoles d’ingénieurs ou commerciales. Un recentrage de la réforme sur une variété de combinaisons plus limitée (une dizaine ou une douzaine) correspondant à un profilage d’études semble plus raisonnable au SNALC.

            Enfin, pour me limiter à quelques sujets, un vrai plan pour relancer l’étude du GREC et du LATIN permettrait, non seulement d’acquérir la belle culture humaniste propre à ces deux langues anciennes fondatrices, mais aussi de renforcer l’étude de la langue française. Rappelons que les langues anciennes sont aussi un outil admirable de laïcité et d’ouverture culturelle.

            Vous savez, Mesdames, Messieurs des Ressources Humaines, de l’Inspection, des représentants syndicaux, que la fatigue spécifique liée au COVID et aux directives fluctuantes de semaine en semaine, pour ne pas dire absentes le jour même de la rentrée de janvier, que cette fatigue a été l’étincelle pour trois journées de grève trois jeudi de suite, dont le vrai motif est la reconnaissance de nos métiers par une augmentation substantielle de nos salaires, par un allègement de nos tâches en ajoutant les moyens humains nécessaires et par un recentrage pédagogique sur les urgences langagières, culturelles et scientifiques que nous constatons.

            C’est à ce prix que le métier redeviendra attractif pour attirer les personnels les plus compétents afin de conserver un des meilleurs systèmes éducatifs au monde, aujourd’hui mal en point.

            Le SNALC vous remercie pour votre écoute.

Fabienne LELOUP et Charles AMMIRATI, commissaires paritaires.