Déclaration Liminaire SNALC – FPMA du 7 avril 2021
Congés de Formation Professionnelle
Remerciements : Le SNALC remercie l’Administration de son travail pour préparer cette CAPA et se félicite de pouvoir encore bénéficier, cette fois-ci encore, de ces échanges paritaires constructifs et indispensables pour la visibilité des opérations de gestion des personnels.
Préambule : Dans le contexte de disparition programmée de toutes les CAP, le SNALC se réjouit que deux ou trois CAPA soient maintenues dans l’année (La titularisation des stagiaires agrégés le 8 février dernier), en attendant leur rétablissement (sous un autre gouvernement probablement) : c’est l’occasion de porter à la connaissance de l’Administration les remontées des collègues et l’existence de problèmes qu’il faut s’atteler à résoudre, sauf à laisser la situation dégénérer et les collègues désespérer.
1ère partie : situation générale
Avant d’en venir à la question des CFP qui va nous occuper ce jour, le SNALC voudrait souligner le contexte difficile dans lequel cette CAPA se tient. Beaucoup de professeurs étaient dans un état de fatigue extrême du fait de plusieurs facteurs.
- Le distanciel et l’impréparation des personnels, le flou des consignes.
LE SNALC déplore toujours le climat d’impréparation et d’improvisation de cette situation pourtant largement prévisible. Aucune vraie formation des personnels dans l’utilisation des classes à distances et toutes les possibilités offertes par l’outil informatique. Les enseignants doivent « se former sur le tas », tâtonner, expérimenter par eux-mêmes. Le bricolage est la règle.
Pas de consigne claire sur le maximum humain de cours à distance ; il semblerait que quatre heures serait un maximum à ne pas dépasser, et pour les élèves, et pour les enseignants.
Pas de réunions d’équipes préparatoires pour définir un emploi du temps adapté, des méthodes communes de travail, échanger des idées, établir une communication d’équipe avec les familles. Une demi-journée de réflexion eût été un minimum pour poser les cartes sur la table.
- La suppression programmée de 1800 postes ; est-ce le moment ?
Pour le SNALC, c’est un très mauvais indicateur, en période où on répète que l’école est si indispensable, que sa fermeture est le dernier bastion, la dernière mesure envisagée, soulignant son importance fondamentale. A ce propos, de nombreux professeurs ont eu l’impression d’être mis « en première ligne », seuls face au virus, dans des classes parfois surchargées qui étaient de véritables clusters potentiels .
La « demi-jauge » a été appliquée très diversement ; tandis que certains lycées n’ont pas cessé de travailler en demi-groupes en alternance, d’autres prenaient les classes entières depuis début décembre et ont compris la « demi-jauge » instaurée plus récemment comme la prise en charge de classes entières un jour sur deux, ce qui n’espace pas les élèves et favorise la contamination.
Là aussi le SNALC demande à ce que la santé des professeurs comme des élèves soit toujours la seule boussole dans la mise en place d’effectifs allégés et de mesures vraiment protectrices (comme les appareils à filtrer l’air par exemple, au lieu de travailler dans les courants d’air à 3 degrés dehors).
- Un besoin accru d’enseignements fondamentaux : français, grammaire et orthographe, ouverture culturelle.
Loin de proposer des suppressions de postes, le SNALC suggère que des horaires renforcés soient mis en place notamment en français pour pallier une baisse alarmante du niveau d’expression et une non-maîtrise de la syntaxe. Il s’insurge contre l’ajout de questions de grammaire au bac sans ajout parallèle et simultané d’un horaire fléché de une à deux heures dès la Seconde pour des révisions approfondies de la syntaxe, de la grammaire et de l’orthographe et de leurs effets de sens associés sur les textes. Un ajout d’heures en ouverture culturelle serait aussi bienvenu pour compenser ces deux années de vaches maigres pour la culture et donner un accès réel et égalitaire à tous les élèves à une pratique artistique, qui ne devrait pas être cantonnée à des projets répertoriés sur la base ADAGE.
- Les difficultés prévisibles de la réforme du bac par spécialités « 3 puis 2 » : combinaisons non cohérentes, difficulté de choix par les élèves, difficulté d’organisation pour les établissements, complexité extrême des emplois du temps, éclatement de la notion de classe : jusqu’à 35 professeurs concernés par un conseil de classe !
Le SNALC propose une simplification de l’écheveau des combinaisons proposées qui, sous couvert de « liberté » de l’élève aboutit à des associations illogiques et improductives pour la poursuite d’études. Que des combinaisons un peu plus standards et groupées selon une logique de métiers ultérieurs soient proposées en nombre plus restreint qu’actuellement. Ceci permettrait de recréer des groupes classes trop éclatés aujourd’hui et simplifierait l’organisation des emplois du temps et de la vie scolaire au lycée.
2e Partie : Le Congé pour formation professionnel.
Pour ce qui est de l’objet de cette CAPA, le SNALC regrette, comme chaque année :
- Un manque structurel de financements disponibles : trop d’attente dans certaines disciplines
Le SNALC Rappelle que le décret 2007-1470 qui régit les droits de chacun à une formation professionnelle tout au long de sa vie est chaque année bafoué au vu des centaines de demandes insatisfaites, seule une minorité d’une quarantaine aboutissant et ce, au bout de 10 à 11 ans. Les contraintes budgétaires ne devraient pas être avancées pour refuser ce droit à formation aux fonctionnaires.
Ce droit à formation est aussi, bien souvent, une respiration indispensable pour des professeurs soumis à des tâches de plus en plus nombreuses et de plus en plus complexes ; leurs missions se diversifient et s’additionnent.
De plus, quel sens donner à un projet de formation qui doit ronger son frein pendant dix ans, qui évolue forcément, le projet initial étant devenu obsolète ?
- Nécessité d’une augmentation significative des moyens alloués à ce besoin.
Une dotation de 302 mois, là où la demande fait apparaitre un besoin de 3613 mois, c’est à peine plus de 8% des cas qui peuvent être satisfaits : on est très loin de répondre à la question de la formation des personnels avec un tel dispositif. On peut observer qu’il faut avoir formulé 9 à 12 demandes pour avoir une chance d’obtenir un congé de formation. A terme, on prend le risque de rendre impossible l’adaptation des personnels aux nouveaux enjeux de formation.
- Favoriser l’agrégation interne.
Le SNALC regrette que les projets personnels de formation soient indifféremment étudiés. Nous préconisons de distinguer les viviers des personnels demandant un congé afin de préparer l’agrégation interne, voire un autre concours au sein de l’éducation nationale, de ceux qui préparent une thèse ou un projet de reconversion professionnelle ;
- Des compensations financières insuffisantes qui détournent les personnels de se former.
Le SNALC relève par ailleurs un manque d’accompagnement financier de ce dispositif qui fait que de nombreux enseignants y renoncent pour des raisons budgétaires :
- L’indemnité n’est pas suffisante, les primes et HSA en moins, c’est presque la moitié du salaire d’une année normale que touche un professeur ; comment continuer à assumer ses charges à Paris avec une telle diminution de revenus ?
- Pour compenser, il faudrait faire en sorte que le salaire ne tombe pas en-dessous de 85% de ce que l’on touchait l’année précédente (pour 3000, imaginons 2500 environ).
- Deux idées à titre d’exemples pour épauler les collègues dans leur effort de formation : pourquoi ne pas prendre entièrement en charge la carte Navigo annuelle, car, en année normale (hors COVID) il faut bien aller suivre des cours presque chaque jour (il y a bien une formation dans le dispositif) ; pourquoi aussi ne pas leur faire bénéficier de la prime informatique ? Ces collègues restent des enseignants titulaires de plein droit.
- Deux questions pour terminer :
Pour terminer, le SNALC aurait deux questions à poser à l’Administration :
- Les critères prioritaires dans l’attribution des congés ont-ils évolué ?
- Les droits à la retraite sont-ils complets sur la durée du congé de formation ?
Pour conclure, le SNALC souhaite un meilleur accès de l’ensemble des professeurs à ce droit de formation statutaire et un meilleur accompagnement dans cet effort pour acquérir de nouvelles compétences au service de la communauté éducative.
Les commissaires paritaires Agrégés du SNALC :
Charles Ammirati et Anne-Cécile Delion