Déclaration liminaire du SNALC Paris – CAPA des Agrégés du 27 avril 2020 

 Déclaration liminaire du SNALC Paris – CAPA des Agrégés du 27 avril 2020 

• Nous souhaitons entamer cette déclaration liminaire par quelques mots sur la situation extraordinaire dans laquelle nous nous trouvons. 

Depuis l’annonce de la réouverture des écoles, collèges et lycées, le SNALC n’a cessé de demander la publication d’un avis écrit du Conseil scientifique, qui en avait rendu un pour demander leur fermeture en mars. Celui-ci, transmis aux autorités le 20 avril, n’a été rendu public qu’il y a 2 jours, samedi 25 avril, et préconise « de maintenir les crèches, les écoles, les collèges, les lycées et les universités fermés jusqu’au mois de septembre. » 

Le SNALC n’est pas un syndicat complotiste ou paranoïaque : c’est un syndicat représentatif, responsable, de dialogue, qui consulte les personnels et porte leur parole auprès du ministère. Comme le Conseil scientifique, nous « prenons acte » de la décision du gouvernement, et nous constatons que la santé des personnels, des élèves et de leur famille n’est pas la préoccupation première du gouvernement ; nous observons l’inconséquence, voire le cynisme avec lesquels l’annonce de la réouverture progressive a été faite. 

Le SNALC demande donc que l’avis du Conseil scientifique soit suivi, et que le gouvernement annonce au plus vite que les écoles, collèges et lycées resteront fermés jusqu’en septembre, hors organisation d’un accueil sur le modèle de ce qui se fait actuellement pour les enfants des personnels soignants. 

Si la volonté de réouverture devait se poursuivre et compte tenu des éléments publics dont il dispose désormais, le SNALC appellera l’ensemble des personnels de l’Éducation nationale à faire valoir leur droit de retrait à partir du 11 mai. 

D’autre part, nous souhaitons souligner combien la période est difficile pour l’ensemble des professeurs : au-delà de la supercherie qui consiste à faire croire que la continuité pédagogique était prête et qu’il suffisait de le dire pour le faire, nous espérons que chacun est conscient du stress supplémentaire échu à chaque professeur pour organiser son télétravail, affronter de nombreuses difficultés techniques, innover, conserver le lien avec les élèves décrocheurs, etc. Le temps passé par un professeur à son travail en ce moment est, contrairement à une idée reçue et largement répandue qui consiste à croire que nous aurions le temps d’aller cueillir des fraises, souvent supérieur au temps de travail habituel. Et l’annonce que les évaluations en temps de confinement ne pourraient pas être prises en compte alors même que nous faisons tout pour maintenir un enseignement et des évaluations est de ce point de vue désastreuse et démobilisatrice. 

• Pour en venir aux sujets qui nous intéressent aujourd’hui dans cette commission paritaire consacrée aux agrégés : 

Nous déplorons que la loi de modernisation de la Fonction publique du 6 août 2019 dépossède les représentants des personnels, de leurs prérogatives et de leur rôle d’élus. Cette loi n’interdit pas pour autant à l’Administration de continuer sous d’autres formes et en bonne intelligence à faire vivre le dialogue social et le SNALC vous le demande. Nous savons que le Rectorat de Paris a toujours essayé d’instaurer ce dialogue et nous nous réjouissons qu’il le poursuive. Aujourd’hui, nous saisissons l’occasion d’exercer pleinement notre mission, en examinant les dossiers des collègues demandant à être promus dans le corps des agrégés même si ces derniers ont été particulièrement malmenés par le PPCR auquel le SNALC s’est farouchement opposé, ainsi qu’à la Réforme du lycée telle qu’elle a été menée. 

L’obstination du ministre à mettre en oeuvre la première session des E3C constitue un sujet d’inquiétude supplémentaire dans l’académie. Quand on est attaché, comme c’est le cas de tous les professeurs, à un contrôle sérieux des connaissances, et quand, pour ce qui est des agrégés, on a fait l’objet d’une sélection particulièrement rigoureuse, on ne peut que douter de la valeur d’un tel contrôle, au vu des nombreux problèmes soulevés par sa mise en oeuvre et les conditions dans lesquelles il se déroule. Le ministre oublie que les professeurs sont en même temps des fonctionnaires et des intellectuels en qui cohabitent les devoirs imposés par l’obéissance et ceux que leur dicte leur conscience. Leur liberté pédagogique les dispense de fonctionner (même s’ils sont fonctionnaires) comme de simples exécutants de la dernière réforme d’un ministre et les a moralement empêchés de procéder à une évaluation à laquelle ils n’adhèrent pas. 

Notons aussi qu’un ministre qui ne donne pas d’enveloppe supplémentaire pour la formation, ne donne pas non plus de signe encourageant vis-à-vis des enseignants désireux de progresser dans leur carrière et de se perfectionner. Le SNALC demande donc plus de congés de formation dans l’académie de Paris et ce, à un rythme plus rapide, en phase avec notre société. Comment instaurer une « école de la confiance » sans donner des preuves de cette confiance ? 

• Concernant l’accès au corps des agrégés par liste d’aptitude : nous voici en 2020, le 7ème et dernier échelon de la hors classe des certifiés/PLP devrait atteindre l’indice 821 en 2021, rattrapant le 11ème échelon de la classe normale des agrégés (indice 825). Les certifiés/PLP hors classe pourront aussi intégrer la classe exceptionnelle qui conduit à l’indice 972, qui est celui de la hors classe des agrégés, depuis le 1er janvier 2019. Ainsi, les certifiés/PLP pourront bénéficier à l’avenir, sans quitter leur corps, d’indices de traitements équivalents à ceux auxquels ils n’auraient pu espérer accéder qu’en tentant d’intégrer le corps des agrégés. 

Dans ces conditions, on peut imaginer que beaucoup de certifiés/PLP auront intérêt financièrement à rester dans leur corps, et à y suivre la voie de promotion qui leur est spécifique. D’ailleurs, s’ils intégraient le corps des agrégés, ils seraient reclassés à la classe normale, progresseraient ensuite par étapes jusqu’à la hors classe pour parvenir enfin à la classe exceptionnelle. Ce cheminement, au rythme du passage imposé par les CAPA, risque de se révéler compliqué, voire aléatoire car bon nombre de nos collègues à Paris (académie vieillissante) échappent au PPCR. 

Nous estimons, que les collègues, dans les années à venir, marquées par la future réforme des retraites, seront amenés à reconsidérer leur candidature à l’agrégation par liste d’aptitude. Le SNALC sera là pour les accompagner et surtout les conseiller pour ne pas se laisser exploiter. Quel intérêt en effet peut présenter aujourd’hui une candidature à l’accès à l’agrégation par liste d’aptitude ? L’agrégation conserve comme attrait principal son prestige, mais elle n’est plus perçue dans les lettres de motivation comme un couronnement de carrière ; tout au plus comme un passage, une transition, un tremplin vers d’autres responsabilités et fonctions : classe préparatoire, inspection, formation en ESPE … 

Pour le SNALC, passer par l’agrégation devrait garder toute sa signification et respecter les critères d’excellence du corps des agrégés. Le SNALC n’a pas de tabou avec l’argent et a donc fait des propositions salariales auprès du Ministre pour tous les corps, y compris les agrégés, qui sont les plus lésés par le PPCR. 

Notre choix va être, comme tous les ans, complexe entre deux candidats. Nous comparerons les candidats, non pas en valeur absolue comme on le fait dans les concours internes et externes, mais en valeur ajoutée, dont les critères sont la progression de l’expérience, des compétences, du niveau d’expertise pendant le parcours professionnel et au fil des formations. Sans oublier la parité difficile à mettre en place puisque 65% des certifiés sont des femmes mais que la majorité des candidats sont des hommes ; elle ne peut néanmoins constituer une raison valable pour mettre de côté nos collègues masculins dont les dossiers le méritent. 

pour le SNALC, MM Charles AMMIRATI et Axel DUC