Compte rendu du colloque sur le collège

COMPTE RENDU du colloque du 2 avril 2015 sur le COLLEGE
(Théâtre Adyar, 7 square Rapp, Paris 7ème)

1- Préambule de M. François Portzer, président du SNALC-FGAF : les raisons du colloque sur le collège

Pourquoi ce colloque ? Madame la Ministre de l’Education Najet Vallaud-Belkacem a lancé la réforme du collège. L’occasion de faire le point. Le SNALC-FGAF a toujours été novateur. Dans les années 70, il s’était prononcé contre la réforme Haby et l’uniformisation de l’enseignement.
Pendant les années 70-80, le SNALC-FGAF a été le vilain petit canard. On se voilait la face… Dans les années 90, avec l’OCDE, on a démontré que le système éducatif français se délitait. Au même moment, les inégalités se creusaient, 20% d’élèves sortant du système sans perspective d’avenir !
Dans cette optique, le SNALC-FGAF propose le collège modulaire, dénonçant un système hypocrite où l’on fait semblant de croire au collège unique mais où l’on met sa progéniture dans de bons établissements.

2- Intervention de M. Jean-Rémi Girard, secrétaire national à la pédagogie : le collège modulaire

Le projet du collège modulaire est né en avril 2013, il a deux ans. Depuis des années, le SNALC-FGAF se pose cette question : qu’est-ce que pourrait être un « bon » collège ? Rappelons qu’on ne peut pas travailler sur le collège sans travailler sur l’école. D’où notre partenariat avec le SNE (Syndicat National des Ecoles)
Nous sommes partis du terrain et nous nous appuyons sur des données chiffrées :
− 67 % des Français souhaitent la fin du collège unique
− 72% des parents souhaitent la fin du collège unique
− 84% des parents ayant des enfants au collège souhaitent des parcours diversifiés

En outre, l’ouverture de notre champ de syndicalisation nous a permis de travailler avec des chefs d’établissement. Et de faire ensuite 32 propositions dont une a été appliquée : la suppression de la note de vie scolaire. En bref, il s’agit de proposer un renforcement en français, mathématiques et LV1 afin d’accompagner les élèves en difficulté et de les aider à rattraper leur retard ou à combler leurs lacunes.

3-Témoignage de M.Gilles Dessus, professeur d’histoire-géographie dans un collège en Charente

La proposition du collège modulaire a été appliquée, avec succès, en 5ème et 4ème. Un groupe de compétences en lettres, mathématiques et LV1 a été constitué avec la synergie de l’administration, des parents et des enseignants. Les progrès des élèves ont été rapidement visibles.

4- Intervention de M. Jean-Rémi Girard : la réforme du collège, chronique d’une mort annoncée pour 2016 : décryptage

La Ministre a voulu prendre de vitesse les enseignants et les organisations syndicales en précipitant les dates.
Derrière cette précipitation, il y a la volonté de faire des économies : on nous a promis 4000 postes supplémentaires ; en réalité, il y aura une enveloppe d’heures à répartir…

Plus grave, il n’y aura pas de programme disciplinaire. On perd les classes européennes au collège (et pourquoi pas au lycée). On met sur la touche les professeurs de lettres classiques (1 h max. de latin ou grec en 5ème et 4ème et 2h max. en 3ème) Les professeurs de mathématiques perdent une demi-heure en 3ème.
Quant aux disciplines artistiques (éducation musicale et arts plastiques), ce sont les Cousine Bette du collège : on pourra globaliser leurs heures d’enseignement par semestre !

Pire, on imposera les enseignements pratiques interdisciplinaires aux collègues, sur leurs horaires de cours. Huit thèmes sont prévus dont « Corps & santé », « Culture & création artistique », « Développement durable », « Langues anciennes », « Economie & monde professionnel » etc.

Pour faire encore plus simple, on raisonnera par cycles :
− cycle CM1, CM2 et 6ème
− cycle 5è, 4è, 3è

Naturellement, les conseils de classe se mueront en conseils d’écoles interdisciplinaires eux-aussi. On imagine le casse-tête des emplois du temps.

En conséquence, il n’y aura plus de manuel (et pas assez d’argent pour acheter toutes les licences informatiques). Et surtout plus d’emploi du temps fixepour les collègues.

Qu’est-ce à dire ? Les titulaires pouvaient se rassurer encore, en se disant : « j’ai un poste ». Cette sécurité-là saute avec la réforme de Madame Najet Vallaud-Belkacem : le titulaire perd cette assurance. Les professeurs de lettres classiques, de langues (sauf l’anglais), d’éducation musicale et d’arts plastiques pourront très bien assumer leurs obligations de service sur plusieurs postes. A l’instar des TZR.

5- Discussion avec le public : elle entérine les propos des intervenants.

6- Intervention de M. Robert Prospérini, IPR, secrétaire général du SIA (Syndicat des Inspecteurs d’Académie)

Il salue le bon sens de J.R. Girard. Depuis 2006 et le socle commun, on a différencié compétences et connaissances. Or les compétences relèvent de l’interdisciplinarité. Cette distinction est surtout opérante, selon lui, dans l’enseignement du 1er degré. Dans le secondaire, un adolescent doit intégrer des connaissances, avant de pouvoir établir des corrélats entre divers concepts ou diverses notions.
Il apporte donc son soutien à la vision raisonnable et raisonnée du SNALC-FGAF .

7- Conclusion de M. François Portzer

Avec son refus de la réforme du collège, le SNALC-FGAF a la main dans le jeu syndical, prenant de court le SNES, en appelant les professeurs de collèges (et les autres) à la grève du 13 mai. Seule la force d’un rassemblement, seule la manifestation de notre colère dans la rue peut faire échouer cette réforme inique.
Le SNALC-FGAF appelle donc à la grève et demande à tous les S1, tous les sympathisants, tous les collègues de faire passer ce mot d’ordre.
L’heure est grave. Nous vivons un moment historique. Si nous voulons sauver notre statut, et surtout notre peau, nous devons nous unir pour nous opposer à ce projet qui nous dévalorise complètement.

FL