Bilan social 2014 de l’académie de Paris : l’analyse du SNALC

Où parle-t-on de nos conditions de travail ?

Le bilan social de l’académie de Paris 2013

Qu’est-ce qu’un bilan social ? C’est un document écrit qui récapitule « les principales données chiffrées permettant d’apprécier la situation dans l’académie en ce qui concerne l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Il doit comprendre notamment des données dans les domaines suivants : conditions générales d’emploi, rémunération, formation, conditions de travail, congés, organisation du temps de travail ». (Editorial de Monsieur François Weil, Recteur de l’académie de Paris).

En bref, le bilan social est une synthèse annuelle, établie à partir de statistiques et de remontées des divers bureaux, services et divisions contributeurs : au premier chef, le bureau des ressources humaines du rectorat. Mais aussi la Délégation académique à la formation, la Division des affaires financières, la Division des affaires juridiques, la Division des écoles, la Division des établissements privés, la Division des personnels, l’Equipe mobile académique de sécurité, le médecin conseiller, le Service statistique académique etc. Au total, vingt-trois services contributeurs.
Quelle est son utilité ? D’après Monsieur le Recteur, c’est un « outil d’aide au pilotage », une « photographie arrêtée au 31 décembre 2013 » qui doit être « utile dans le cadre du dialogue social » (op. déjà cité).

Qu’est-ce qui n’est pas évoqué ?

Le SNALC-FGAF de l’académie de Paris a relevé des manques et des ellipses dans ce document.

Premièrement, le taux de suicides et de tentatives de suicides n’est pas mentionné. (p.61) Ni les accidents de trajet.

Deuxièmement, il n’y a pas d’analyse concernant le pourcentage de congés longue maladiedans le second degré. Pourquoi le premier degré est-il plus épargné que le second degré ?
Troisièmement, l’encadrement des enseignants par la médecine de prévention du travail n’est pas chiffré clairement (« 2,7 ETP de médecins pour 32698 agents »). Un flou artistique pour cacher un vide sidéral : chaque médecin devrait s’occuper de 7,5 agents par heure !

Quatrièmement, la Division des affaires juridiques, citée en liminaire, n’apparaît pas.

Il en ressort que ce bilan social 2013 est bel et bien une « photographie », pour reprendre l’expression de Monsieur le Recteur, c’est-à-dire un instantané, sans valeurs de référence sur les années antérieures : 2011 et 2012.

Comment faire de cet outil, un véritable outil de « pilotage » ?

Les attentes du SNALC-FGAF :

Pour que les collègues puissent mieux gérer leurs carrières et être mieux « pilotés », il est nécessaire que ce bilan social ne soit pas une simple compilation de données.
En conséquence, il faut rajouter les indicateurs temporels qui permettront d’établir un calendrier prévisionnel. Et aussi ajouter des critères qualitatifs permettant d’apprécier le climat scolaire, le bien-être psychologique des enseignants, et de tous les acteurs de la communauté éducative.
Notons que l’académie de Paris a une population plus âgée, par rapport à d’autres académies. Cette population a besoin non seulement d’un suivi médical, mais aussi d’une protection plus accrue de la part des chefs d’établissement et des services académiques.
C’est pourquoi le SNALC-FGAF insiste sur le concept de « travail décent », défini par l’Organisation Internationale du Travail. Aucun enseignant, aucun documentaliste, aucun chef d’établissement… ne peut travailler dans l’incivilité et la violence. Quel que soit son corps ou son grade, tout agent de la fonction publique aspire à exercer ses fonctions dans des conditions de liberté (pédagogique), de justice sociale, de sécurité et de dignité.
Reste le point noir de la seconde carrière, évoqué lors de la réforme des retraites en 2003, et gelé lui aussi avec les salaires…

Ne faudrait-il pas revoir ce dernier point, pour éviter un burn-out massif à Paris ? Et ne pas encore alimenter le déficit de la Sécurité sociale ?

Le temps n’est plus au simple « dialogue », mais à la prospective, et à l’action.

« Ouvrir une école, c’est fermer une prison », a dit Victor Hugo.

Ouvrir la prison intérieure des collègues, c’est redonner du sens à l’Ecole républicaine : liberté, égalité et fraternité.

Prochain bilan social, on attend du nouveau!

Fabienne Leloup

Présidente du SNALC-FGAF Paris

Le site de la FGAF

Le Livre Blanc de la FGAF sur les conditions de travail